mercredi 20 octobre 2010

Internet, Révolution ou Retour aux sources de la « Société » ?


Internet et les réseaux sociaux ne seraient-ils pas la complétude d’un cycle, celui qui ramène les individus au cœur du concept même de la société au sens antique et premier du terme.


Le Web 2.0 et les réseaux sociaux, qui fascinent autant qu’ils effraient les élites (et pour cause…), ne seraient ils pas que la reconstitution moderne de l’Agora Grecque et du Forum Romain, ces espaces polymorphes et publics à l’exact opposé des sanctuaires du savoir et du pouvoir que sont nos institutions modernes.


Leur avènement était prévisible, car il n’est que le prolongement numérique des espaces de liberté de paroles et d’idées qu’étaient leurs ancêtres antiques. Il existe toutefois une légère différence, le gigantisme des opportunités économiques de cette Agora moderne.


L’antiquité offrait cette mixité ou l’interpellation et la parole donnait à chacun la possibilité de participer et d’interagir avec son environnement, L’Agora, et le Forum, étaient des lieux d’échanges, ou le mélange des genres était la règle, en quelques pas l’ont passait de l’échoppe d’un barbier à un débat philosophique (souvent animé par un philosophe dont l’œuvre est encore enseignée de nos jours, voire vénérée…), d’une tribune citoyenne à un tribunal populaire, d’un temple religieux dédié à une divinité locale à un édifice public. Dans cet espace se côtoyaient les élites, l’aristocratie, les citoyens, les gouvernants et les gouvernés. Le tutoiement était la règle, l’interpellation et les joutes orales (dont les traces sont remontées jusqu’à nous) permettaient l’expression et préservaient l’individu de la frustration de se savoir muet, ou muselé.


L’individu pouvait à volonté sortir de sa « spécialisation » ou de sa « fonction » sociale et économique pour entrer en résonnance avec la société globale. Les synapses fonctionnaient encore dans ce le pouvoir central actuel qualifierait aujourd’hui d’anarchie neuronale. Et pourtant ces lieux étaient les garants du lien de la société, ils étaient un cortex invisible.


Hors, qu’elle était la réalité de ces sociétés, faisons nous référence à un âge sombre, ou les sciences, la pensée, les arts, la littérature et la philosophie déclinaient ou était-ce une période faste dont il est encore difficile à nos esprits modernes d’entrevoir la puissance civilisatrice et culturelle. On nous parle du 20ème siècle comme « du Siècle » des découvertes, mais de quoi parlons nous, des avancées de l’humanité toute entière reposant sur les apports de milliers d’hommes et de femmes répartis à travers le monde entier ?


Que dire du siècle de Périclès, limité lui à une simple cité état de quelques milliers d’âmes, fusse-t-elle la plus puissante de son époque, que dire de sa capacité créatrice, quel que soit le domaine, des arts, des sciences, de la philosophie.


Sans entrer dans un pur débat philosophique, on peut alors se questionner sur cette notion de synapses reliant des individus, et non plus d’un corps social cohérent et appréhendable comme tel, la fameuse notion de « masse » et de son corolaire qu’est la « gouvernance » de celui-ci. Parler aux masses, et non aux individus.


Qu’avons nous fait de ces espaces, ou sont-ils passés et pourquoi ont-ils disparus au cours de notre histoire récente. Quel centralisme a imposé cette segmentation de la société, qu’avons nous gagné, ou perdu, dans cette segmentation ?


Au profit de quel centralisme ces traditions ont disparu ?


Chris Anderson y avait apporté un premier élément avec son analogie avec l’Eglise, son réseau (sa hiérarchie et son organisation pyramidale), sa langue unifiée (le latin) et son premier média (la bible).


Hors, de mon point de vue sa réponse est incomplète, il omet, la notion de base qu’est le monothéisme. Je fais uniquement allusion à la dimension de centralisation, et pas à la spiritualité du monothéisme. La croyance unique, le mainstream, la vérité, le dogme, la règle.


La quasi totalité des articles et des réflexions menées sur Internet portent sur les potentialités économiques du réseau (viadeo en est le parfait exemple au travers de sa volonté de monétisation du réseau), cette partie n’est qu’un infime détail de l’impact réel d’Internet, le réseau offre des possibilités économiques insoupçonnées, soit, il en était de même à Venise pour tel ou tel grand armateur, son réseau de l’époque, sa flotte, lui garantissait une position prépondérante et lui offrait une capacité de concentration des revenus similaire à celle d’un leader d’Internet. Plus sa capillarité était importante plus il pouvait se passer d’intermédiaire et plus sa position était prépondérante.


Est-ce bien la le sujet, sommes nous à l’aube d’une rupture, ou bien d’un simple changement d’échelle ?


Sommes nous à l’aube de l’inéluctable émancipation de l’individu, ou bien devant des potentialités infinies d’adressage de celui-ci pour de pures visées commerciales ?

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